L'Œil d'Oudjat ou oeil d'Horus
La légende
Dans l'imagerie de l'Égypte antique, l'Œil Oudjat est un symbole protecteur représentant l'Œil du dieu faucon Horus.
Horus, fils des Dieux d'Isis (la déesse protectrice) et d'Osiris, aurait perdu un œil dans le combat mené contre son oncle Seth pour venger l'assassinat de son père.
La légende veut qu'au décès d'Osiris, assassiné par son frère Seth, la légitimité de son fils Horus fut remise en question. Il était considéré comme étant le fils posthume d'Osiris, et Seth en profita pour monter sur le trône d'Egypte.
Horus parti en guerre contre lui afin de venger l'honneur de son père. Il luttera 80 ans contre son assassin. A l'issus d'un grand nombre de combats, Horus finit par battre son oncle. Toutefois, lors d'une féroce bataille, Seth lui arracha l'œil gauche, le découpa en six morceaux (ou sept) qu'il jeta dans le Nil.
À l'aide d'un filet, le Dieu des scribes, Thot repêcha tous les morceaux de l'œil mais en oublia un.
Il réussit tout de même à faire fonctionner de nouveau l'oeil, rendant ainsi à Horus sa pleine vision.
La fin de ce récit diffère selon les historiens. Pour certain Horus n'aurait en réalité hérité que d'une partie de l'Egypte et Seth de l'autre. Pour d'autres, il aurait régné sur tout le royaume et aurait été le premier à être considéré comme un Dieu Pharaon.
L'Oeil du dieu Horus devint l'Oeil Oudjat, littéralement, "l'œil préservé", représentant le symbole de la victoire du bien sur le mal et ayant des vertus magiques et protectrices.
L'oeil d'oudjat et les fractions égyptiennes
En 1911, l'égyptologue Georg Möller conjectura qu'on pouvait identifier certains signes hiéroglyphiques utilisés pour mesurer des volumes (de grains) à des parties du signe représentant l'oeil d'Oudjat. Il en déduisait que l'Oudjat était à l'origine de ce système particulier de mesure.
Plus précisément, il considère que ces parties de l'oeil d'Oudjat représentent des subdivisions de la mesure du volume de grain, l'heqat, qui correspond à environ 4,8 litres.
On trouve ces signes par exemple dans certaines sections du papyrus Rhind.
Les parties de l'oeil d'Oudjat représenteraient donc des fractions unitaires (de numérateurs 1).
- Partie de la conjonctive : \(\dfrac12\)
- Pupille \(\dfrac14\)
- Sourcil \(\dfrac18\)
- Partie de la conjonctive \(\dfrac{1}{16}\)
- Une larme (?) \(\dfrac{1}{32}\)
- Tâche du faucon (?) \(\dfrac{1}{64}\)
L'addition des six fractions précédentes donne \(\dfrac{63}{64}\) :
$$ \dfrac{1}{2}+\dfrac{1}{4}+\dfrac{1}{16}+\dfrac{1}{32}+\dfrac{1}{64}=\dfrac{63}{64}$$
La fraction manquante étant celle liée à la partie de l'oeil oublié par Thot (il y aurait donc 7 parties ?!) ou selon les historiens, le \(\dfrac{1}{64}\) manquant était le lien magique ajouté par Thot pour que l'œil fonctionne.
=> Pour avoir des compléments, consultez la page : Les Fractions égyptiennes.
La conjoncture de Georg Möller invalidée !
En 1960 et 1970, de nouveaux documents sont découverts et ce qui permet à Jim Ritter en 2003 d'invalider la thèse de Möller.
Les études traduisant l'évolution des signes utilisés pour désigner les volumes de grain sur une longue période semblent montrer qu'ils ne proviennent pas des sous-parties de l'Oudjat, dommage !